La ministre du Travail sud-africaine a réussi à organiser des négociations réunissant tous les acteurs du conflit dans la mine de platine appartenant à Lonmin.
Les négociations tripartites pour tenter de résoudre le violent conflit autour d’une mine de cuivre qui a secoué l’Afrique du Sud se sont ouvertes le 29 août, dirigées par la ministre du Travail Mildred Oliphant. Celle-ci tente de jouer les médiateurs avec le conseil des Eglises alors que le bilan humain atteint déjà 44 morts, dont 34 tués par la police. La négociation qui se tient dans le centre civique de Rustenburg, au cœur du Bushweld Complex. Cette région minière d’où est extrait la majorité du platine mondial en détient les trois quarts des réserves prouvées et probables et la moitié de celles de palladium. Après une longue journée d’échanges, les négociations se poursuivent le 30 août.
Pour la première fois toutes les parties concernées sont réunies. La cinquantaine de participants inclut, outre les syndicats reconnus, la direction de Lonmin et des représentants de l’Etat, le syndicat minoritaire des mineurs, AMCU, très actif dans le déclenchement de la grève et un groupe de délégués élus directement par les grévistes. Toutefois, la direction de Lonmin, la compagnie minière qui contrôle la mine de Marikana, a déclaré ne pas vouloir négocier des augmentations de salaires, prétextant l’impossibilité pour les salariés de la mine de reprendre le travail. Des menaces ont effectivement été proférées par les grévistes, ce qui expliquerait en partie que le nombre de ceux qui se sont présentés sur le site n’a cessé de baisser, tombant le 20 août à moins de 7% contre 13% le 27 et un tiers il y a une semaine. Les conducteurs des bus qui transportent les salariés à la mine ont en particulier reçu des menaces. La police, avec des véhicules blindés, ainsi que des gardes armés, sont cependant en force aux alentours de la mine.
Classiquement, la compagnie minière exige la reprise du travail avant le début de négociations salariales. Une exigence inacceptable pour les mineurs qui ont déclenché une grève illégale le 10 août pour obtenir un quasi triplement de leurs salaires. En attendant Lonmin subit chaque jour une « perte » de production de 2 500 onces de platine et ses dirigeants ont rappelé que ceux qui ne travaillent pas ne seront pas payés. C’est la prérogative de l’entreprise a commenté un dirigeant d’AMCU, notant qu’il y avait assez de forces de sécurité pour que ceux qui le désirent travaillent.
Alors que les négociations commencent, 260 mineurs ou autres, arrêtés lors du massacre de 34 grévistes passent au tribunal sous l’accusation de meurtre. Un paradoxe technique étonnant de la justice sud-africaine alors que toutes les victimes sont des mineurs et que pas un policier n’a été blessé ce jour-là. Entre le 10 et le 12 août cependant, dix hommes avaient été tués, dont deux policiers et deux agents de sécurités de la mine. Commencée le 27 août, la cession judiciaire a été retardée par une panne d’électricité. Les circonstances dans lesquelles les mineurs ont été tués se précisent progressivement. La plupart ont reçu ces balles dans le dos ou ont été écrasés par les véhicules blindés de la police, dans un lieu confiné, hors du regard de ceux qui ont fait la vidéo qui a fait le tour des sites Internet.
Des salariés de Lonmin ont décidé de provisoirement couper tout lien avec les syndicats afin de négocier directement les augmentations de salaires. L’une de leurs leaders, le piqueur Zenzile Nxenye, a expliqué : « Nous avons élu un groupe pour négocier directement avec la direction notre demande de salaire de 12 500 rands. Quand la direction sera d’accord, nous appelleront les syndicats. Nous ne voulons pas être représentés par le NUM. Nos cotisations syndicales sont déduites chaque mois, mais ils nous trahissent ». Cette tendance à s’organiser et à négocier sans passer par le syndicat vient d’être constatée dans une petite mine d’Amplats. Confrontée à un débrayage, la direction de la mine a accepté de négocier avec six représentants des mineurs. Une situation dénoncée par le NUM. Les grands syndicats et la chambre des Mines, envisagent pour stabiliser la situation sociale, de créer une instance de négociation centrale regroupant tous les acteurs des platinoïdes.
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