Les petites exploitations laitières individuelles résistent mal, à moins de se regrouper. Une étude récente montre que le nombre d'exploitations laitières « livreurs » a chuté ces 18 dernières années, parallèlement à un fort essor des formes sociétaires.
« Le nombre d’exploitations laitières « livreurs » (dont au moins 80% des quotas alloués sont dédiés à la livraison) continue à diminuer, tandis que leur taille progresse », a expliqué, en marge du salon de l’Agriculture, Myriam Ennifar, chargée d’études chez France AgriMer.
Dans une étude consacrée à l’évolution des structures de production laitière en France, l’établissement national des produits de l’agriculture et de la mer fait état d’une perte de 81 000 exploitations laitières entre les campagnes 1995-96 et 2013-14. En 30 ans, la France a perdu plus de 300 000 « livreurs » ! Toutefois, « ce mouvement de restructuration semble ralentir, avec un recul de 3,7% entre 2012-13 et 2013-14, contre une baisse annuelle moyenne de 4,3% entre 1995-96 et 2013-14 », tempère Myriam Ennifar.
Des structures toujours plus grosses
La fin des quotas laitiers, qui interviendra le 1er avril prochain après 30 ans de contingentement, s’annonce donc dans un paysage consolidé: les exploitations sous forme individuelle représentaient 36,8% des livreurs en 2013-14, contre 60,2% en 2003-2004. Sur les 18 dernières campagnes, leur nombre a chuté de 79%. « La tendance, ce sont les formes sociétaires: regroupements d’exploitations agricoles, exploitations agricoles à responsabilité limitée, sociétés civiles d’exploitation agricole ont le vent en poupe », complète Myriam Ennifar. La diminution du nombre d’exploitations individuelles s’est avérée plus rapide que celle de l’effectif total des exploitations laitières.
« On se retrouve avec des formes sociétaires vraiment plus grosses, et des formes individuelles beaucoup plus petites. » Le nombre d’exploitations laitières bénéficiant de plus de 500 000 litres de quotas a bondi de 3% à 23% en dix campagnes. Les exploitations individuelles ne possédaient plus, en 2013-14, de 21% de la référence nationale de quotas (le volume global autorisé), contre 42% dix ans auparavant.
Les exploitations essentiellement situées en plaine
Cette radiographie est également l’occasion de dresser un panorama géographique des exploitations. Ainsi, 64% des « livreurs » étaient situées en zone de plaine lors de la campagne 2013-14, cette proportion étant relativement stable depuis 1995, date du début de l’étude. Les zones de montagne et défavorisées (caractérisées par des terres peu productives, des résultats inférieurs à la moyenne et une faible densité de population) représentaient respectivement 21% et 15% de l’effectif. En termes de bassins laitiers - des zones créées en 2011 afin de faciliter le pilotage de la filière - le Grand Ouest regroupe 31,7% des exploitations « livreurs » et le Grand Est 14,3%.
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