Le producteur de platine ordonne aux grévistes de reprendre le travail sous peine d’être licenciés.
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Le bilan provisoire des affrontements dans la mine de platine de Marikana en Afrique du Sud est de 44 morts et 78 blessés, sans compter 279 arrestations. Entre le 10 et le 12 août 6 mineurs, 2 gardes de Lonmin, l’opérateur de Marikana et 2 policiers avaient été tués. Le 16 août, une fusillade déclenchée par la police a fait 34 morts et l’ensemble des blessés. Une semaine de deuil national a été décrétée par le président sud-africain Jacob Zuma, qui a condamné la violence sans toutefois critiquer l’action de la police.
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Un ultimatum lancé par l'exploitant Lonmin menaçant de licencier les grévistes qui ne reprendraient pas le travail expire lundi, quatre jours après le massacre de la mine de Marikana, mais la majorité des mineurs ont d'ores et déjà rejeté l'ultimatum et entendent poursuivre le mouvement.
La direction de la mine de Lonmin à Marikana a annoncé qu'elle ne demanderait pas à ses salariés non-grévistes de reprendre leur poste si la police considère qu'ils sont en danger.
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« On ne demandera à personne de reprendre le travail si la police considère qu'il y a un danger de représailles » de la part des grévistes, a affirmé Simon Scott, un dirigeant Lonmin, dans un  communiqué de la compagnie minière. Dans ce communiqué, Lonmin a confirmé « avoir demandé à ses 3 000 salariés en grève illégale de reprendre le travail lundi 20 août, faute de quoi ils s'exposent à un possible licenciement ». Cet ultimatum s’applique aux quelques 3 000 travailleurs du forage et ne s’applique pas aux 25 000 salariés directs et aux 10 000 travailleurs de la sous-traitance qui ne sont pas en grève. Ces derniers pourront travailler sous la protection de la police.
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Malgré les menaces, il risque d’être difficile de faire reprendre le travail à des mineurs qualifiés qui connaissent leur importance dans le procès de travail. D’autant que la question de l’augmentation de salaire réclamée par les grévistes n’a pas été abordée. « Est-ce qu'ils vont virer aussi ceux qui sont à l'hôpital et à la morgue ? », a déclaré à l’AFP un mineur interrogé sur la suite de la grève. Les mineurs, qui touchent en moyenne 4 000 rands (400 euros) par mois, réclament 12 500 rands (1 250 euros). Cette très forte augmentation s’explique par les salaires particulièrement bas pratiqués dans les mines de platine. Le salaire moyen brut dans les mines sud-africaine est de 14 000 rands.
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Au lieu de continuer d’organiser les mineurs et de représenter ses intérêts comme il le faisait à sa fondation dans les années 1980, le syndicat NUM s’est concentré sur les échéances politiques et économiques. Son leader emblématique durant la lutte contre l’apartheid – il y a 25 ans il avait dirigé une grève qui s’était terminée par la mort de 11 mineurs –, Cyril Ramaphosa, est devenu un homme d’affaires respecté et siège au conseil d’administration de Lonmin. Affaibli par les luttes internes de l’ANC, le NUM ne représente plus que 49% des travailleurs de Lonmin, contre 66% précédemment, rappelle Justice Malala, un commentateur politique du Mail & Guardian. Sa proximité avec les directions des compagnies minières est patente, son secrétaire général, Frans Baleni, est encore plus virulent contre la nationalisation du secteur que la Chambre des Mines. Plus grave, il a accepté des augmentations de salaires dérisoires depuis des années alors que son propre salaire, après une hausse de 40% l’an dernier, atteint 105 000 rands. 26 fois celui d’un mineur. Â
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Un nouveau syndicat, AMCU, s’est engouffré dans la brèche. Avec un soutien des travailleurs de Lonmin monté à 19%, il a réclamé une augmentation massive de salaire, soutenant la grève illégale des opérateurs de forage. Le NUM ne contrôle plus les mineurs, ses représentants ont refusé de quitter les véhicules de police dans lesquels ils étaient venus à Marikana pour s’adresser aux grévistes. A raison, précise Justice Malala, l’an dernier l’un d’eux a reçu une brique et perdu un œil.
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Le conflit violent qui agite sa principale mine ne va pas arranger les affaires de Lonmin, déjà fragilisé par un endettement important et qui compte rapidement lever un milliard de dollars sur les marchés. Le suisse Xstrata, qui contrôle déjà 25% du capital de Lonmin, a l’intention de participer à la levée de fonds, croit savoir le Sunday Times. La compagnie minière pourrait profiter de la situation – le groupe a perdu 34 millions de dollars de revenus – pour accroitre sa participation, estiment certains analystes locaux.
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