Quel est le principal facteur responsable de la hausse des cours du zinc depuis le début de l'année ?
L'Ă©volution du marchĂ© du zinc est liĂ©e Ă l’offre et non Ă la demande. Elle se dĂ©cline en deux temps. A court terme, le marchĂ© dĂ©ficitaire et la rĂ©duction des stocks du LME et du SHFE ont dĂ©jĂ entraĂ®nĂ© une hausse du prix du zinc qui s'est apprĂ©ciĂ© de 12% en 3 mois. Toutefois, Ă moyen terme, le pipeline de projets reste important et les prix plus Ă©levĂ©s vont accĂ©lĂ©rer l’ouverture de nouvelles mines, ce qui ne pourra qu’entraĂ®ner un retour des  surplus. Â
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L'ouverture de nouvelles mines peut-elle compenser les fermetures déjà effectuées ou annoncées ?
La hausse des cours traduit l’anticipation d’un marchĂ© du zinc tendu en raison de la multiplication des fermetures, pour cause d'Ă©puisement, d’un nombre important de grandes mines occidentales (Canada, Australie, Irlande, Namibie, Pologne, etc.). A court terme, ces fermetures ne seront pas immĂ©diatement compensĂ©es par les expansions de mines existantes (brownfield) ou les mises en exploitation de nouveaux gisements (greenfield). En effet, il faut aujourd’hui prendre en compte les dĂ©lais de plus en plus longs liĂ©s Ă l’ouverture de nouvelles mines. Des retards qui s'accumulent non seulement en raison des contraintes socio-environnementales croissantes, mais aussi des difficultĂ©s actuelles de financement. De plus, lorsqu'une mine dĂ©marre, elle est encore loin de produire Ă sa capacitĂ© nominale et sa montĂ©e en production (ramp up) prend souvent 6 Ă 8 mois. Il faut encore ajouter 6 mois pour passer du minerai au mĂ©tal (concentration, transport, raffinage).Â
Pour résumer, la majorité des nouvelles mines actuellement dans le pipeline – jusqu’ici reportées en raison du faible prix du zinc– n'arriveront pas sur le marché avant 2017.
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Quel rĂ´le joue la Chine ?
La Chine, comme pour la majoritĂ© des autres commoditĂ©s, demeure ici encore la « wild card », tant au niveau de la production minière et de mĂ©tal raffinĂ© que de la demande. La consommation chinoise – 45%  de la demande mondiale, avec une croissance de 14% en 2013 – devrait ĂŞtre dopĂ©e par les rĂ©cents micro-stimuli (investissements publics dans la construction de logement sociaux et les infrastructures, en particulier les chemins de fer) et le relâchement du crĂ©dit Ă la consommation.  Les impacts de cet ensemble de mesures sont dĂ©jĂ visibles dans les statistiques de juin tant de la production industrielle que du PIB (dont la croissance de 7,5 % pour le second trimestre a dĂ©passĂ© les attentes).   Â
Enfin, il faut signaler l'importance des stocks de métal non déclaré, entre 0,6 et 1 Mt (« bonded warehouse » à Shanghai »), utilisés massivement en Chine comme garantie collatérale de prêts financiers. Ces stocks expliquent les divergences dans les statistiques entre Wood Mackenzie et l'ILZSG. Cette accumulation de métal présente d’ailleurs un risque potentiel baissier pour le prix du zinc si cet important tonnage accumulé revenait brusquement dans les entrepôts LME.
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Quelle est la part de l'acier galvanisé dans la consommation de zinc ?
L'acier galvanisĂ©, reprĂ©sente environ 60% de la demande globale de mĂ©tal gris. Il est principalement utilisĂ© dans la construction automobile, la construction et les infrastructures. Si la croissance de sa consommation est très modĂ©rĂ©e dans les pays industriels, elle est encore soutenue dans les marchĂ©s Ă©mergents, en particulier en Chine.Â
Il faut souligner la forte reprise de l’automobile aux Etats-Unis et en Europe, et une demande en forte hausse de l’Inde.
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Comment réagit la production minière chinoise?
La Chine assure actuellement 36% de la production minière de zinc avec pas moins de 850 petites mines et une vingtaine de taille moyenne.  Elle est donc flexible et fortement rĂ©active tant Ă la hausse qu’à la baisse des cours.Â
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Quelles sont les perspectives du marché du zinc?
Après sept annĂ©es de surplus, le marchĂ© du zinc devrait afficher un dĂ©ficit structurel d’offre minière pour 2014 et 2015, et, probablement aussi, en 2016. Le prix de la tonne de mĂ©tal pourrait poursuivre sa hausse vers les 2 400-2 500 dollars l'an prochain. Mais sans risque de pĂ©nurie avec un envol des prix (comme pour le nickel en 2007) car le marchĂ© du zinc reste liquide et le niveau important des stocks participera Ă l'Ă©quilibre du marchĂ©. Â
Mais, dès 2017, le marché devrait revenir en surplus. Toutefois, les prix devraient se maintenir à un niveau élevé car les futurs projets concernent l'exploitation de minerais à plus faible teneur, plus difficiles à traiter et situés dans des juridictions plus difficiles, d’où des coûts de production et d’investissements beaucoup plus importants. Ces derniers pourront dépasser le milliard de dollars, alors que précédemment ils se situaient dans une fourchette de 300 à 400 millions. Ces dérives haussières des capex et opex détermineront alors un nouveau prix-plancher plus élevé qui pourrait se situer à un niveau voisin du cours actuel, 2 300 dollars par tonne.